Paradigme : mutation
16/05/2016
Nous vivons la fin d'un monde, mais pas la fin du monde. Les Bourses s'effondrent et font découvrir le désastre des fausses économies spéculatives, des planches à billets, des "façades de Catherine II". Le modernisme, ses modèles, ses valeurs, ses méthodes et ses idéaux sont moribonds.
Face à cet effondrement moderne, trois scénarii s'ouvrent :
- l'entêtement moderniste qui mène à la mort,
- le retour à une "pureté " passée (et imaginaire) qui engendre la guerre.
- la transmutation paradigmatique qui régénère la vie
Mutation paradigmatique : la voie de sortie par le haut.
Marc Halévy
Cette mutation paradigmatique implique de renoncer aux faux idéaux issus des obscures "Lumières" : humanisme, idéologisme, démocratisme, solidarisme, égalitarisme, étatisme, économisme, universalisme, etc.
En soutenant le modèle économique financiaro-industriel et en prônant la croissance à tous prix, c'est-à-dire l'accélération forcenée de la raréfaction dramatique de toutes les ressources indispensables, en favorisant la financiarisation de la vie et la politisation de tout, les Etats, leurs gouvernements et leurs administrations conduisent le monde à sa perte. Cette logique suicidaire doit être combattue. Ne nous laissons pas faire ! Que chacun prenne ses responsabilités !
Qu'est-ce qui nous arrive ? Une bifurcation ! On change de paradigme.
La raison, la rationalité triomphante a désenchanté l'homme et tout désertifié. Des moyens (argent, objets, plaisirs) elle a fait des fins. Dans les sondages et statistiques, le voyou pèse autant que le saint.
S'affranchir de la dictature des raisonnements statistiques, des enquêtes d'opinion, des études de marché... trop réducteur, trop massique, trop simpliste, trop infantile.
Qu'on le veuille ou non, il faudra bien que nous fassions notre deuil du monde précédent qui disparaît à vive allure, malgré les acharnements thérapeutiques des gouvernements et institutions. La question est : où en sommes-nous de notre processus de deuil ?
Ceux qui ne suivront pas seront éliminés
Ce qui donnait valeur n'en donne déjà plus. La philosophie dans son sens le plus vrai, le plus profond, le plus éthymologique, nous invite aujourd'hui, plus que jamais, à construire une nouvelle sagesse pour ce troisième millénaire naissant.
NOUS VIVONS UNE ÉPOQUE EXTRAORDINAIRE
Comment les générations Y et Z voient le monde de l'entreprise. "Il faut remettre un peu de bienveillance générationnelle en France."
Par Emmanuelle Duez. Extraits de "MON PARADIGME"
En tant que jeune femme de 30 ans, française, entrepreneur, militante, adepte des démarches empiriques et naïves dont les résultats rejoignent souvent les projections de plus intelligents ou brillants que moi ... mon approche sera simple. Vous parler de ce que je ressens, de ce que j’observe, de ce que j’espère, de ce qui me révolte et enfin de ce qui me porte. Je le ferai avec mes mots, simples, avec mon expérience, courte, avec ma jeunesse, relative - car à 30 ans on est déjà le vieux con de quelqu’un - avec mes idéaux et mes rêves, chevillés au corps, forgés et renforcés par de courtes mais intenses expériences.
Accepter les paradoxes
C’est l’objet même de cet ouvrage que de démontrer, d’analyser les forces en présence ; les lames de fond de transformation. Bienvenue dans un monde postmoderne, digital, rapide et glocal. Un monde fait de dilemmes et de paradoxes qu’il ne s’agit pas de résoudre mais d’accepter.
Nous sommes tous responsables de nos choix, et de nos rêves.
Mon métier dans la vie, celui que je me suis créé, c’est de comprendre le monde dans lequel je vis pour appréhender le terrain de jeu de mes 60 prochaines années. Comprendre le monde pour l’impacter. J’ai choisi de ne pas être de ceux qui subissent un destin, des projections, un cycle, une fatalité. Je crois à l’effet auto réalisateur.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère.
Tous les grands modèles, politiques, environnementaux, économiques, sociétaux, idéologiques qui ont sous-tendu l’élaboration de nos sociétés modernes jusqu’à présent, vont devoir être réinventés. Qui ne voit pas en Daesh les dérives d’une façon unique et obsolète de voir et de gérer le monde ? Qui peut décemment regarder la planète avec fierté et se dire qu’on va continuer comme ça ? Qui est fier de ce que l’on transmet collectivement aux générations futures ?
Demain, nous serons tous des free-lances
Les dernières industries qui résistaient au changement entrent aujourd’hui dans les prémices de la disruption. Sous le diktat de la rapidité et de l’instantanéité, les systèmes comme l’Entreprise doivent se repenser.
Suite à l’effondrement des systèmes de valeurs traditionnels, transmis par le modèle patriarcal, les croyances religieuses ou la foi dans le progrès, chacun est désormais invité à construire le sens de son existence. Demain, nous serons tous des free-lances aux manettes intégrales de notre vie.
Retour à la gentillesse, à l’amitié demain, mais aussi retour au goût. Au goût d’apprendre, au goût de la connaissance
TOUILLER DANS LES MARMITES DU FUTUR
La vie sociale : une nébuleuse insaisissable n’ayant ni centre précis, ni périphéries discernables
Michel Maffesoli
Professeur Émérite à la Sorbonne."Je me qualifie de sociologue de la post-modernité. J’ai écrit plus de 30 ouvrages qui traitent de ce thème."
L’agonie de la modernité nous incite à penser ce qui est appelé à lui succéder. La maison brûle et l’on veut sauver les meubles !
L'histoire montre, à loisir que tout effondrement peut-être le gage d’une Renaissance. Pour cela on doit savoir faire d’une faiblesse une vertu ; et ce en son sens fort, c’est à dire une force.
Qu’en est-il donc de cette postmodernité ?
Aujourd’hui, en France, nous parlons encore de moderne et non de post moderne. Alors que la période moderne est déjà dépassée. Il est, certes, toujours bien délicat de “touiller” dans les marmites du futur. On peut, cependant, donner quelques indications, rassembler quelques indices, et ce afin d’indiquer des grandes tendances;
Emergence d’un néo-tribalisme postmoderne
Retour au local, importance de la tribu et bricolage mythologique.
Tribus religieuses, sexuelles, culturelles, sportives, musicales, leur nombre est infini, leur structure est identique : entraide, partage du sentiment, ambiance affectuelle.
Une fragmentation de la vie sociale est appelée à se développer d’une manière exponentielle, constituant ainsi une nébuleuse insaisissable n’ayant ni centre précis, ni périphéries discernables. Et ce, bien sûr, pour le meilleur et pour le pire.
La vérité absolue se fragmente en vérités partielles qu’il convient de vivre.
L’identité se fragilise. Les identifications multiples, par contre, se multiplient. Peut-être est-ce là le changement paradigmatique le plus important. Ce qui va prédominer est bien un présent que je vis avec d’autres en un lieu donné. Le présent postmoderne rejoint la philosophie du “kairos” qui mit l’accent sur les occasions et les bonnes opportunités. L’existence n’étant, en quelque sorte, qu’une suite d’instants éternels qu’il convient de vivre, au mieux, ici et maintenant. L’époque est, peut-être, plus attentive à l’impermanence des choses les plus établies.
A propos du "bel idéal démocratique"
Ce fut un bel idéal, qui s’est constitué tout au long du XIXe et qui a fonctionné jusqu’à un peu avant la seconde guerre mondiale. Par un mécanisme de saturation, la démocratie est devenue une antiphrase et n’est plus représentative.
INNOVATION... QU'EST-CE QUI NE FONCTIONNE PAS ?
La Troisième Révolution et la gestion de l'incertitude
Au commencement des civilisations, juste après le chasseur-cueilleur, puis l'agriculteur, vint l'artisan. Puis l'arrivée de l'industrie a créé un business neuf nécessitant une prise de risque, avec une marge plus élevée. Cela a été le lot de tous les groupes industriels depuis Henry Ford.
Depuis 10 ans, une troisième révolution bouleverse ce paysage. Les nouvelles entreprises, à fortes marges, ne gèrent pas les risques, elles gèrent l'incertitude. C'est l'incertitude, ce risque qu'il n'est ni possible de chiffrer ni même d'imaginer, qui est la source du profit.
Naviguer sereinement dans l'incertain
La gestion de l'incertain est l'activité principale du chercheur, autrefois de l'alchimiste, et c'est un combat contre la spéculation. La façon de lever l'incertitude et de naviguer sereinement dans l'incertain est la même pour un chercheur et pour un entrepreneur: il faut faire des expériences, des expérimentations. L'expérience est la seule façon connue et éprouvée d'aborder un objet complexe. Pour que l'expérience se construise, il faut des expérimentations. Ce qui compte, c'est leur qualité et leur inventivité, pas leur résultat
Sérendipité Vs. zemblanité
La démarche de sérendipité consiste à trouver par hasard et sans effort apparent quelque chose de merveilleux et évitant la démarche de zemblanité, qui consiste, après avoir dépensé beaucoup d'efforts et d'argent, à trouver, généralement trop tard, une chose sans aucun intérêt. C'est cela la crise, et les trente piteuses qui ont suivi les trente glorieuses.
Favoriser une transmission intergénérationnelle efficace
A 500 ans et 500 km du lieu de naissance de l'imprimerie, par le web aujourd'hui, nous avons produit, chaque deux jours, autant de données que l'humanité en deux millions d'années. Pourtant, à une époque qui ressemble par bien des côtés à la Renaissance, bien peu de personnes s'en saisissent pour innover.
Processus ISO9001 : devenu loi, pour une performance moyenne
Création d'un groupe de travail/projet...réunion de lancement (RDL) ... Mise en place d'une Revue de Définition Préliminaire (RDP) ... Dossier Justificatif de Définition (DJD) ... Revue critique de définition (RCD) ... ) ... Le service achat sélectionne alors un grand cabinet de consulting (financier) ... Démarche d'open innovation participative ... Mise en place de sessions de brainstroming ... séminaires de direction dans des châteaux à golf. Résultat : les processus et les normes évitent l'échec par la certitude d'une performance moyenne.
Pourquoi cela ne fonctionne pas ?
À la fin des années quatre-vingt, il y avait beaucoup de gens créatifs. Puis advint "la norme" (limitant les écarts) et la crise (limitant le financement des projets de R et D). L'esprit s'est envolé. Désormais, il faut être le contraire d'un créatif ou d'un innovateur. Les créatifs se sont laissés mourir dans des placards même pas dorés.
Processus d'évaporation de l'esprit
Dans ce processus complet d'évaporation de l'esprit, il reste plutôt des conservateurs qui ont tendance à se réfugier dans les solutions que tous adoptent, à privilégier les commandes passées à des cabinets ayant une forte tradition, de la notoriété, mais pas d'imagination.
Aucune idée, ou fort peu, n'est née d'un groupe
Question: "Pouvez-vous me dire où vous étiez quand vous avez eu votre dernière bonne idée?"
Réponses : "au lit, sous la douche, pendant un jogging, lors d'une randonnée, à vélo..."
Constat : "OK, et vous étiez combien dans votre douche?"
Bien sûr, pour mener le projet, il faut être plusieurs, mais cela vient ensuite, pendant le processus de maturation de l'innovation.
Innovation
Le mot -innovation- s'étale en confiture sur les plus improbables plaquettes de communication. Pourtant l'on constate une prédominance des non-publiants, de non-brevetants, de non-imaginants. L'innovation est le moyen de placer une entreprise en situation d'apprendre à gérer efficacement l'incertitude, et cette capacité à bien savoir le faire est le vecteur du profit. Les nouvelles entreprises, à fortes marges, ne gèrent pas les risques, elles gèrent l'incertitude.
Nous connaissons tous un vieux schnoque...
Certaines unités organisationnelles pleines de certitudes sur leur légitimité et leur assise n'éviteront pas de finir dans des bras morts dont l'eau finira par se retirer. La métacognition, c'est se regarder penser en se riant de soi et des écueils prévisibles dans lesquels nous nous plaisons à retomber.
Sans elle, l'innovateur devient, le soir venu, un expert stérile à l'Ego malade, une de ces personnes qui vous disent que ça ne marchera pas parce qu'on a essayé en 1972 et que ça n'a pas marché, quelqu'un qui se refuse à laisser d'autres faire, sans pour autant faire lui-même. Le vieux schnoque*...
* qui a oublié d'être jeune avant de devenir vieux.
CHOISISSONS NOTRE FUTUR
André-Yves Portnoff
Futuribles
La construction de notre avenir.
Nous marchons vers des désastres locaux et planétaires en série, écologiques, sanitaires, économiques, sociaux, politiques, culturels... La peur peut paralyser, elle peut aussi ouvrir des yeux et ranimer des courages. Le pire n’est jamais sûr ! En sera-t-il ainsi dans les prochaines années ? Soyons persuadés que nous n’avons à subir aucune fatalité. Notre responsabilité, individuelle et collective, demeure majeure dans la construction de notre avenir.
La loi du plus fort.
Aujourd’hui, la financiarisation à outrance ne reconnaît que l’argent comme valeur. C'est une vision d’un monde où n’existe que la loi de la jungle, la loi du plus fort, l’Autre ne pouvant être qu’un ennemi, un serviteur ou une proie. L’économie mafieuse ressort également de la loi du plus fort et, la corruption progressant dans le monde, se mélange actuellement de plus en plus à l’économie "normale".
Les organisations mafieuses s’incrustent en profondeur dans nombre d’Etats, y compris ceux réputés démocratiques. La logique du plus fort a renforcé le caractère pyramidal, bureaucratique, des organisations privées et publiques en Occident.
Révolution de l'intelligence ?
La majorité des acteurs n’a pas encore compris que la Révolution de l’immatériel - Révolution de l’intelligence - modifie profondément les règles du jeu. Pour la première fois dans l’histoire humaine, nous disposons de moyens suffisants pour détruire, en quelques jours, toute vie sur notre planète par un conflit nucléaire. Nous pouvons aussi rendre plus lentement la terre invivable, en quelques générations, par un développement économique ne visant que des avantages à court terme.
Efficacité de l'homme Vs. la machine
Les machines et l’ordinateur remplacent dans les taches banales, répétitives, l’opérateur humain. Celui-ci reste indispensable là où importent le jugement, la sensibilité, l’empathie, tout ce qui ne se commande pas. L’efficacité dépend donc de la capacité de persuasion, du désir de travailler ensemble et de la qualité des relations humaines entre acteurs.
Les crises
Jamais les interactions n’ont été aussi intenses au niveau planétaire, d’où des changements constants qu’on appelle crises. Il est clair que la loi du plus fort et une recherche de profit immédiat dominent le monde. L’accroissement des inégalités, des classes pauvres provoquera des révoltes sociales parfois sanglantes.
Capitalisme patient
Si c'est un Etat de droit tolérant, un humanisme respectueux de la nature et du libre arbitre qui prend le dessus,
l’ultra-financiarisation de l’économie et l’organisation cloisonnée, pyramidale des entreprises et des administrations vont régresser, permettant une explosion de créativité, d’essor culturel et de développement économique.
Ce développement économique sera porté par un capitalisme patient, respectant les aspirations de toutes les parties prenantes. La vision du long terme permettra de prendre des décisions pour réduire les risques sanitaires, technologiques, écologiques.
Les conditions d’une nouvelle Renaissance seront réunies. Agissons pour favoriser ce scénario dans l’espace où nous vivons, où nous agissons, l’Europe.
SOLUTION DU PROBLÈME ?
XAG Consulting | Activités
Xavier Guilhou
Mutations au sein des sociétés
Notre planète se transforme à très grande vitesse. Nous quittons le temps des crises pour renouer avec celui des grands bouleversements civilisationnels. Des secousses telluriques modifient quotidiennement et en profondeur la réalité du monde : chômage de masse, terrorisme barbare, épidémies apocalyptiques, crises systémiques.
Pour autant, si tout le monde sait en parler, personne ne souhaite vraiment que les choses changent. Pour conjurer le sort, nous entretenons de faux débats avec de faux dévots, histoire de gagner un peu de temps. Nous nous agitons, nous pérorons, nous dépensons beaucoup d’énergie en vains conciliabules. L’objectif est de ne plus avoir à penser, à réfléchir, à décider et à prendre de risque.
Nous sommes piégés
Nous sommes piégés par des vagues de propagande, des stress multimédiatiques incessants générés par des divas souvent incultes, qui ne font plus que du commentaire d’actualités fugaces, biaisant ainsi nos modes de représentation du réel tout en créant de fausses addictions. Alors que nous n’avons jamais eu autant de possibilités d’accès à la connaissance, nous perdons en esprit critique et en qualité de questionnement.
Intelligence et discernement
Ce qui change dans le monde qui se transforme, ce n’est pas finalement les volumes d’information à notre disposition, c’est notre aptitude à décrypter entre le bruit ambiant, souvent sans intérêt, et les signaux faibles, précurseurs et annonciateurs de changements majeurs. Pourtant nous avons à notre disposition des outils extrêmement puissants, mais nous avons perdu en intelligence et en discernement.
Totalitarisme bureaucratique et modèles de société obsolètes
Alors qu’il faut faire bouger les lignes dans tous les domaines, notre inconscient collectif préfère privilégier l’enfermement avec l’omniprésence du principe de précaution. Nous choisissons de nous conformer à des formes de totalitarisme bureaucratique.
Notre principal piège, celui de l’enfermement
La porte se referme autour de réponses toutes faites et bien formatées alors que l’avenir est dans la pertinence et l’insolence de la question. Dans ce contexte nos politiques privilégient la fuite en avant avec des stratégies suicidaires, notamment d’endettement sans fin pour acheter la paix civile et la concorde sociale.
Des civilisations qui n’ont plus envie de se battre
Nous avons fait tout ce qu’il ne fallait pas faire sur le plan géopolitique et sur le plan démographique. Et que dire de la crise financière et bancaire dont nous maquillons depuis 2008 les véritables causes et les conséquences à venir... Tout est fait pour reculer le jour et la date de l’heure des véritables prises de décision. La règle est désormais de valoriser le court terme. "Panem et circenses" ! Nous sommes là sur des pathologies infantiles et mortifères bien connues des civilisations qui n’ont plus envie de se battre pour leur survie.
Est-il trop tard, comme beaucoup le pensent désormais ?
Aujourd’hui nous commençons à entendre les gongs des portes de l’histoire se refermer sur nous. Reste-t-il encore un peu de temps pour reprendre l’initiative et revenir dans le jeu ? L’Occident s’est à plusieurs reprises ressaisi face à l’adversité. Acceptera-t-il une nouvelle fois de saisir la porte étroite qui est encore devant lui où se complaira t’il dans son hubris suicidaire et sa décadence pathétique ?
POSTMODERNE. D'UNE TRIBU A L'AUTRE
Créatifs culturels : tribus et communautés
L’enjeu de cette époque qui s’ouvre sous nos yeux est clair : dépasser et transcender le sens et les valeurs d’une Modernité usée pour redonner un souffle à la Vie et à nos vies. Une postmodernité émerge "souterrainement" sous l’impulsion de "créatifs culturels" pour tenter de faire redémarrer un projet Humain en panne d’inspiration.
Des individus modernes, riches et repus, sous antidépresseurs.
La croissance et l’endettement des nations dites développées ont fabriqué des individus modernes, riches et repus, installés dans un mode de vie plutôt confortable et facile. Cette facilité et ce confort matériels contrastent violemment avec la sensation de précarité dans laquelle une majorité d’entre nous baigne.
Malgré notre confort (ou à cause de ce confort ?), nous sommes de plus en plus émoussés, désabusés, usés, démobilisés et peut-être même déracinés. L’augmentation croissante de la consommation d’antidépresseurs, l’installation d’un nihilisme ambiant ou le recrutement des plus faibles dans de tristes "aventures" fanatiques attestent de cette souffrance existentielle latente ou patente.
Une solidarité choisie et non subie.
Des mutants du "progrès" prennent leur destin en main. Cette mutation s’accompagne du passage d’un individu moderne individualiste et égocentré à une personne postmoderne aux multi-appartenances plus ou moins éphémères et fluctuantes. Socialement, tout se passe comme si les différentes communautés de vie court-circuitaient la nation pour le pire et le meilleur en devenant les briques élémentaires d’une mosaïque très hétérogène. Cette solidarité choisie et non subie prend racine sur les ruines d’une société moderne usée et vermoulue par un contrat social à bout de souffle.
Les visions, les valeurs, les intentions sont en train de changer d’échelle.
Noblesse : convergence entre vocation et mission
Excellence : exploiter et explorer tous nos potentiels (notre dedans) et les faire résonner avec toutes les opportunités (notre dehors).
Elégance : après une ère moderne marquée par l’uniformisation et la standardisation du style, la relation à l’ère postmoderne sera résolument tournée vers l’élégance en général et vers l’élégance de l’éthique en particulier. Il naitra de cette élégance relationnelle une singularisation de tous.
Simplicité : au sens noble du terme, est simple ce qui est à la fois léger et efficace
LES VOLEURS D'AME. VERROUILLAGE DE LA PENSÉE
Bertrand Vergely.
Bertrand Vergely est un essayiste, normalien, agrégé de philosophie, professeur en khâgne et aussi théologien orthodoxe. Pour lui, la République va "tourner le dos à ses propres valeurs". Il livre sa réflexion sur les problématiques de notre société "postmoderne".
Ce qui est normal ?
Nous assistons aujourd’hui à savoir ce que Hubert Védrine appelle "la société auto-bloquée", Éric Zemmour "le suicide français" et Marc Halévy "le monde en souffrance". Quand la provocation devient la règle, la morale devenant amorale, comment ne pas souffrir en se sentant contraint de se soumettre à la provocation afin de ne pas passer pour amoral ? Situation odieuse. Situation qui n’est pas neuve toutefois.
L’humanisme cynique
La fable des abeilles de Bernard Mandeville : un retournement spectaculaire.
D’une façon générale, personne n’admire la malhonnêteté en politique. Aussi est-elle, elle aussi, condamnée. Changeons le regard à son sujet. Voyons en elle de l’habileté, de l’intelligence, un sens de l’efficacité, en faisant remarquer que trop d’honnêteté paralyse, ainsi que le dit Thrasymaque dans La République.
Un portrait joyeux de la cupidité
Ainsi, faisons un portrait joyeux de la cupidité en n’hésitant pas à montrer tous ses bienfaits et faisons à l’inverse un portrait sinistre de la morale en n’hésitant pas à montrer tous ses méfaits, qui va choisir la morale ? Bien évidemment personne, tout le monde ayant comme réflexe de se précipiter sur la cupidité en voyant en elle le salut du genre humain. Aujourd’hui, ce verrouillage nous domine. À travers l’humanisme cynique et le libéralisme triomphant.
Nous sommes dans une souricière. C’est la raison pour laquelle nous souffrons. Est-il possible de sortir de cette souricière?
NOUS POSONS-NOUS LES BONNES QUESTIONS ?
Michel Cartier est consultant auprès de diverses institutions autant en Europe qu'en Amérique dans le domaine des nouvelles technologies d'information et de leurs impacts sur la langue et la culture.
Il a participé à l'implantation des réseaux Platon, Télidon et Internet et a exploré l'enseignement à distance, le e-gouvernement et l'édition électronique. Il fut vice-président de la fondation Éducation Apple et directeur du laboratoire de télématique à l’UQAM. En 90, il fonde le RVTI (Réseau de veille sur les technologies d’information) qui est devenu depuis le réseau ConstellationW.
Non pas une continuité mais une rupture
L’effondrement des marchés boursiers fut le choc sismique qui révéla le cul-de-sac vers lequel se dirigent tous les habitants de la planète. Nous devons nous poser les bonnes questions
Le meilleur moyen d’aboutir dans un cul-de-sac est d’envisager de nous développer en continuité avec le passé.
Est-ce que le passage de l’ère industrielle à l’ère postindustrielle ne serait pas plutôt une rupture ? Comment penser dorénavant en termes de mutation ?
Nos deux générations ne se parlent plus
Nous ne communiquons plus entre nous de la même façon. Est-ce que ces différents modes de communication expliquent pourquoi nos deux générations (celle d'avant 1980 et celle d'après 1980) ne se parlent plus ? Dorénavant, avec l’arrivée des appareils mobiles interactifs, émerge une nouvelle écriture médiatique faite à la fois d’écrits, d’images et de symboles calqués sur leur culture orale beaucoup plus émotive qu’autrefois. Comment ce nouveau type de communication va-t-il changer notre culture ?
Le court et le long terme
Nos décideurs actuels passent la moitié de leur mandat à surveiller les sondages. La classe politique ne gouverne plus qu’à court terme, c’est-à-dire d’une élection à l’autre.
Un autre mécanisme responsable du cul-de-sac est l’utilisation du modèle des médias de masse qui cherche plutôt à convertir le citoyen en consommateur en ne lui offrant qu’un infospectacle où presque tous les messages sont subordonnés aux images, aux émotions et, surtout, aux lois du marché. Ce système emprisonne le citoyen dans un court terme.
Démocratie ? Bris intergénérationnel ? ....
Vivons-nous vraiment dans une démocratie où nous avons notre mot à dire ? Est-ce que les classes politiques sauront répondre aux crises postindustrielles qui s'annoncent ? Est-ce que la confiance qui a disparu entre les citoyens et leurs dirigeants remettra en cause leur légitimité ? S’il n’y a plus de rêves communs, donc de projets communs entre les générations, quel sera le prix à payer pour ce bris intergénérationnel ?
Mutation violente, d’une amplitude sans précédent
Nous vivons une mutation en ce qui concerne ces deux dimensions de notre univers que sont l’espace et le temps. Ce n’est pas la première fois que la société vit un changement majeur, mais cette fois-ci la mutation est d’une amplitude sans précédent, parce que tous les citoyens de la planète sont interpellés et parce qu’en chevauchant Internet elle se déroule à la vitesse de la lumière.
SURVIVRE DANS UN MONDE EN PERDITION
Raymond Vaillancourt : gestion publique principalement dans le réseau québécois de la santé et des services sociaux. Conception et management des systèmes complexes d'interactions de type multidisciplinaire et inter-organisationnel. Accompagnement des gestionnaires dans l'application de mécanismes de changement organisationnel au sein d'organisations de toutes dimensions.
Secteurs d'intervention : santé, services sociaux, fonction publique, et l'entreprise privée. Active collaboration avec l'École Nationale d'Administration Publique et l'École Nationale de Police du Québec.
Chroniques de Raymond Vaillancourt.
PDG, Prospect Gestion
Le monde va mal.
On tente de se rassurer en se répétant qu’il y a certainement quelqu’un quelque part, chef d’État ou institution, qui va agir pour tout remettre en ordre. On aimerait le croire, il faudrait le croire mais ce n’est malheureusement pas la vérité.
Nous sommes au bord d’une catastrophe
... et ce n’est pas être pessimiste que de le reconnaitre, mais il s’agit du premier pas à franchir pour y pallier. Tant que nous n’acceptons pas la réalité, il est impossible de faire les efforts nécessaires pour la changer.
Fin d’un système
- Nous nous dirigeons de plus en plus vers la fin d’un système qui, certes, a fait ses preuves en temps utile mais qui se révèle de plus en plus inapproprié au monde actuel
- Nos élus actuels sont de moins en moins aptes à pouvoir y apporter les correctifs nécessaires pour lui donner un second élan. Leurs solutions inappropriées donnent carrément l’impression que l’on ne sait plus quoi faire ! Conséquemment, l’élu est de moins en moins efficace et peut devenir éminemment nuisible. C’est ce sur quoi table le terrorisme et c’est ce qu’il nous faut comprendre et accepter pour pouvoir mieux se protéger.
Que nous reste-t-il comme solution ?
Les repères du système actuel disparaissent sans que les repères du système à venir soient réellement apparents. D’où la tentation de l’anesthésie générale à laquelle succombent nombre de sociétés avec la bénédiction voire l’incitation de leur "élite" politique, bien contente de laisser croire à la masse qu’elle s’occupe vraiment des "vraies" affaires. C’est à cette anesthésie qu’il nous faut résister. Mais comment ?
D'autres solidarités
Apprendre à compter sur ses propres moyens devient un enjeu important.
Mettre en œuvre d’autres solidarités que celles qui sont présentement détournées au maintien d’un système qui s’effrite.
Développer et maintenir une saine distance affective d’avec la réalité quotidienne.
Cette saine distance affective permet, au jour le jour, de maintenir un regard critique sur les actions de ceux qui prétendent "gouverner" le monde alors qu’ils obéissent à d’autres intérêts que l’intérêt général dont ils ont la charge
Faire face au chaos actuel
L’énergie dont nous aurons besoin pour affronter ce douloureux passage ne nous sera pas transférée. Il nous faut nous-mêmes l’alimenter. Et ce, dès maintenant.
LA MUTATION DEVIENT PLUS VISIBLE
La plaque tectonique capitaliste-industrielle-moderne-patriarcale pourrait basculer, et laisser place à une nouvelle logique économique et politique.
Marc Luyckx-Ghisi
Marc Luyckx-Ghisi est un économiste belge. Il a d’abord étudié les mathématiques, la philosophie et la théologie. Il a été pendant dix ans (1990-99) membre de la "Cellule de Prospective" de la Commission Européenne, crée par Jacques Delors.
La logique politique et économique dominante est en train de s’essouffler
Mon hypothèse est que la mutation de civilisation mondiale dans laquelle nous sommes engagés depuis environ 25 ans, devient enfin visible pour le citoyen moyen européen, américain, mais aussi indien, russe, chinois, et africain.
Pourquoi ? Parce que cette mutation est profonde. Elle transforme notre civilisation mondiale à cinq niveaux de profondeur. Mais les événements récents semblent indiquer que la logique politique et économique dominante est en train de s’essouffler et ne parvient plus à se maintenir au pouvoir.
Nous proposons d’analyser d’abord, brièvement -et donc imparfaitement- les événements économiques et politiques actuels, pour ensuite resituer cette mutation dans le cadre du changement global de civilisation.
Mutation de civilisation
L’année 2016 risque d’être une année intéressante au plan de la mutation de civilisation. La construction de cette nouvelle civilisation vient d’en bas, elle est co-créée par les millions de femmes (66%) et d’hommes, les « créateurs de culture », qui préparent en silence le monde de demain, en transformant leurs valeurs de mort en valeurs de Vie, en abandonnant les valeurs patriarcales, et en glissant vers la manière de penser et d’être transmoderne.
Ressources associées :
Qu'est-ce qui nous arrive ? Peut-on encore choisir notre avenir ?
Nous vivons la fin d’un monde, mais pas la fin du monde. Les Bourses s’effondrent et font découvrir le désastre des fausses économies spéculatives, des planches à billets, des « façades de Catherine II ». Le modernisme, ses modèles, ses valeurs, ses méthodes et ses idéaux sont moribonds. Nous entrons en souffrance.
Qu’est-ce qui nous arrive ? C’est LA question que l’on se pose entre amis, autour d’un verre, dans le hasard d’une conversation ! C'est aussi LA problématique majeure de l'avenir du monde et de la jeunesse !
ALORS, qu’attends-nous ? Prenons, dès à présent nos responsabilités en tant qu’êtres humains véritables. Soyons vrais, soyons libres ! Soyons ... nous.
Ce recueil de témoignages à plusieurs mains est capital. Il nous apporte une belle matière à réflexion, en phase avec nos interrogations actuelles.
Ont participé à cet ouvrage sous la direction de Marc Halévy :
Bertrand Vergely, Michel Maffesoli, Emmanuelle Duez, Pierre-Olivier Gros, Luc E. Brunet, André-Yves Portnoff, Xavier Guilhou, Marc Luyckx-Ghisi, Michel Cartier, Raymond Vaillancourt.
Sous la direction de Marc Halévy
Laurence Massaro Editions
A paraître en Juin 2016
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